Jérémy Chatelain

Jérémy Chatelain

En 2002, Jérémy Chatelain entre dans nos vies et nous dans la sienne ; il a dix-sept ans. On l’a vu grandir, chanter avec Céline Dion, sortir son premier album, porter les cheveux longs, asymétriques, rasés et épouser Alizée.
On croit le connaître. Dans la rue, on lui parle comme à un cousin qui satisfait ou déçoit, comme à un ls dont les choix inquiètent ou rassurent. C’est de bonne guerre, signes d’une vie privée irrémédiablement publique. C’est aussi la partie visible ou, disons, mainstream de la vie de Jérémy Chatelain.

On l’interroge sur son divorce, on questionne sa dernière chronique sur D8, on exige un nouvel album, un retour à la chanson.

La chanson, pour Jérémy, est en suspens depuis dix ans et son deuxième album, Variétés Françaises. Il cherche une forme, une voix qui soit la sienne mais qui ne soit pas seule. Et quand elle ne vient pas, il ne triche pas, il travaille et attend. La musique persiste par d’autres moyens. Il compose pour Oxmo Puccino et Emma Daumas. Autour d’Alizée, l’espace de deux albums, il réunit Jean Fauque, Daniel Darc et Bertrand Burgalat, puis Rob, Chateau Marmont, Tahiti Boy et Institubes, œuvre de producteurs parfois risquée, toujours sincère.

À Villejuif où il vit alors, dans une maison rapidement indiscernable d’un studio,
Jérémy accueille Birdy Nam Nam, The Shoes, Club Cheval, Sou en 3000, Salva, Brodinski, DJ Slow, Nadus, MZ, Sneazzy, Nekfeu, Mos Def, et bien d’autres des scènes rap et électronique, provoquant la collision du club et de la chanson, des machines et du piano, des séquences et de cette écriture mélodique qu’il appelle “l’harmonie populaire”. Ainsi produit-il entre autres, Kohh, crooner et rappeur japonais d’un genre nouveau : c’est juste et évident. Ces collaborations multiples commencent à esquisser, en creux,
la forme d’une musique qu’il pourrait signer de son nom, porter en propre, quelque part entre Noah Shebib et Sacha Distel.

De l’ère Villejuif aujourd’hui révolue demeurent des amitiés, des rencontres, des certitudes, parmi lesquelles Boston Bun et Pedro Winter du label Ed Banger avec qui Jérémy a fondé le studio ThreeSome pour la musique à l’image, la publicité, la mode, les remixes.

“Je me rappelle” et « C’est comment qu’on freine »  sont les chansons du retour, au pays, aux sources, aux autres comme à soi-même et à la chanson bien sûr, l’histoire d’un homme qui se retourne sur son passé. Une autobiographie générale chantée variété sur la musique d’une génération.